vendredi 31 juillet 2009

Quand on vous parle de Jacques Attali ...

J'ai identifié deux biographies de Jacques Attali sur le marché.





La première (en date) est l'oeuvre de Guy Sitbon, publiée chez Grasset en 1995. Je l'avais découverte dans la bibliothèque de ma fac en Belgique, au rayon sciences politiques.









La deuxième est sortie en avril 2009. L'auteur en est Cyril Auffret, rédacteur en chef de l'information à TF1. Elle est éditée par Du Toucan Eds.







Vous pouvez retrouver Jacques Attali sur son blog et son site Internet.


AVERTISSEMENT : veuillez ne jamais m'appeler par mon nom de famille dans vos critiques.

jeudi 30 juillet 2009

Quand Jacques Attali vous parle d'amour du judaïsme...


Après avoir lu et aimé son livre sur l'amour, j'ai repris mon exploration attalienne et j'ai découvert qu'un nouveau livre d'amour est sorti récemment. Le titre en est "Dictionnaire amoureux du judaïsme".

Je connais très mal le judaïsme, je l'avoue. Toute petite, j'ai été élevée dans le religion catholique. Ma mère m'a lu la bible à partir de l'âge de quatre ans. Enfin une version un peu simplifiée avec de jolies illustrations. Elle a commencé par la création du monde, pour terminer à la résurrection du Christ.

Ma connaissance de la religion juive était assez sommaire, limitée à quelques cours de culture générale et mes propres investigations sur la Toile. Par ailleurs, j'ai des cousins qui appartiennent à une famille juive, laquelle est mentionnée en divers endroits du livre. En effet, notamment par mon arrière-arrière-grand-mère la Baronne Albertine van Zuylen van Nyevelt, je suis cousine du Baron Edouard de Rothschild.

Bref, ce livre a été pour moi, l'occasion de davantage prendre connaissance avec ce phénomène, cette religion et les personnes qui la pratiquent ou l'ont pratiquée.

Il me semble que la personne la plus à même de présenter ce livre est son auteur lui-même.

« J'ai appris à devenir curieux –c'est-à-dire, en fait, amoureux- du judaïsme, de son histoire, de sa façon de penser, de ce qu'il dit du monde, de ce qu'il permet aussi de penser, de comprendre, d'imaginer. J'aime aussi la façon dont il accueille toutes les critiques et dont il doute sans cesse de lui-même. J'aime la façon dont il me fait réfléchir, comme beaucoup d'autres grandes cosmogonies, aux grands invariants du monde : j'aime encore les histoires de tant de personnages de la Bible et de l'Histoire, fidèles à leur foi jusqu'à la quitter ou paraître le faire : j'aime enfin ces petites histoires qu'on appelle juives, éclairantes autodérisions. Enfin et peut-être surtout, j'apprécie dans le judaïsme qu'il ne soit pas jaloux, mais tolère bien d'autres amours. » J.A.
AVERTISSEMENT : Veuillez ne pas citer mon patronyme dans vos critiques.

Quand Jacques Attali vous parle d'amour ...


Jacques Attali a cette capacité d'écrire des livres sur tout. Ou presque. Ici c'est un livre sur l'amour que j'ai découvert à la Fnac en farfouillant du côté du rayon sociologie.

Le titre entier est "amours - Histoires des relations entre les hommes et les femmes". Il est édité par Fayard (comme d'habitude).

Je me suis posé diverses questions : Va-t-il nous dévoiler des histoires d'alcôves croustillantes, lui qui a connu les coulisses du pouvoir ? Sera-t-il audacieux dans certaines descriptions ? Parlera-t-il de sa propre conception, de sa façon à lui d'être amoureux ? Dévoilera-t-il un petit peu de son intimité ?

En réalité, rien de tout cela.

Le livre est beau, avec énormément d'illustrations. Il rappelle un peu sur ce plan "L'homme et ses symboles" de Carl-Gustav Jung.

Le contenu fourmille d'anecdotes. Pour exemple ce couple néerlandais qui a épousé une femme pour former une triade.

Le livre débute par une analyse de l'amour chez les animaux, se poursuit ensuite par l'amour chez nos ancêtres primitifs, la polyandrie et la polygamie. L'amour dans toutes ses combinaisons. Puis, dans une logique chronologique, il envisage l'invention de la monogamie et finalement l'agonie du mariage.

Un livre intéressant et agréable à lire. Le genre de livre à lire le soir avant de se coucher.


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samedi 18 juillet 2009

Voltaire réveille-toi, ils sont devenus fous


De façon quelque peu caricaturale, on pourrait distinguer quatre grandes catégories dans la société.
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Primo, les célébrités riches dont la notoriété est le fonds de commerce et le générateur de leur richesse et de celle des nombreux satellites qui leur gravitent autour. Ceux-là ont intérêt à s'exprimer sans limite et à faire taire leurs détracteurs. Il s'agit d'artistes, de dirigeants et de politiques notamment.
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Secundo, la plèbe, les petits, les sans-grade, les inconnus qui n'ont qu'un accès très limité aux médias. Catégorie vaste que l'on peut étendre à la classe moyenne.
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Tertio, une sorte d'intelligentsia qui se veut éthique et qui prétend octroyer la liberté d'expression à tous, conformément à la pensée voltairienne. Ici on peut regrouper des militants politiques ou non et journalistes engagés ou simplement respectueux de leur déontologie. Mais par un flirt obscène, cette catégorie a tendance à se frotter à la première et s'y assimiler parfois, se suscitant des injonctions paradoxales et se mettant finalement dans une situation de double contrainte.
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Et quarto, les riches discrets qui préfèrent suivre l'adage "Pour vivre heureux, vivons cachés". Il s'agit souvent de vieilles familles, de propriétaires de richesses terriennes ou industrielles, qui craignent que trop d'étalage n'engendre le crime ou la révolution.
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Internet, sans bouleverser pour autant cet équilibre établi depuis Gutenberg (mais si et même avant !), permet à la plèbe de s'exprimer à moindre coût et de façon relativement anonyme si le coeur lui en dit.
Ce bouleversement fait peur à tous ceux qui ont quelque chose à perdre, donc aux catégories sub 1 et 4. La catégorie sub 4 craint toujours que les idées ne créent le désordre mais répugne à s'exprimer. La catégorie sub 1, craint de voir son fonds de commerce menacé.
Alors la catégorie sub 1 réagit. Avec la complicité de la catégorie sub 3, qui se trouve saisie en étau grâce à la si contraignante et célèbre maxime voltairienne "Je déteste vos idées mais je suis prêt à mourir pour votre droit de les exprimer".
Je livre à votre réflexion deux illustrations, qui ont déjà été évoquées dans les lignes du Post, sous la plume de Guy Birenbaum.
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Laurent Gerra
aurait prétendu dans une interview donnée au journal Le Point : "On a beaucoup moins de liberté, je le remarque vraiment. Coluche ou Desproges allaient beaucoup plus loin. Maintenant, avec Internet et tous les délateurs, ils sont tellement procéduriers que si on dit un truc, c'est immédiatement répété, déformé... On donne trop la parole à n'importe qui, sur n'importe quel sujet."
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Deux revendications ressortent : d'une part donner à la catégorie sub 1 la possibilité de s'exprimer encore davantage, sans risque et sans contrainte et d'autre part former un barrage à l'expression de la catégorie sub 2, celle des "n'importe qui", parmi lesquels se situent des "délateurs", qui pourraient réduire les revenus de la catégorie sub 1 et de ses satellites en plombant leur réputation. Le combat laisse aussi dubitatif que celui d'un Robin des Bois qui prendrait aux pauvres pour donner aux riches.
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Dans la même perspective, Amélie Nothomb a voulu montrer qu'elle aussi avait son combat. Elle combat les anonymes des forums de discussion et l'a fait savoir dans un article publié dans Charlie Hebdo. Même combat, mais plus pervers car les conséquences réelles ne ressortent pas immédiatement. Combattre l'anonymat, la lâcheté des vilains méchants qui anonymement pourrissent les forums, voilà un combat digne ! A première vue peut-être. Car ces vilains méchants, s'ils commettent un acte répréhensible, peuvent être débusqués par leur adresse IP. Donc ils ne resteront pas impunis. S'ils l'ont fait chez eux, remonter à la source sera "simple". S'ils ont commis le méfait via leur entreprise, comme une entreprise octroie des machines avec codes, crac, le contrevenant sera à nouveau identifié par la machine. Même dans les cybercafés, on peut retrouver l'infracteur (infracteur ne s'utilise presque plus, mais je ne voulais pas écrire deux fois contrevenant). En effet, un cybercafé tient un registre des personnes qui ont utilisé telle ou telle machine à tel ou tel moment. Et le cas échéant, la responsabilité retombera sur l'entreprise ou le cybercafé qui n'a pas géré correctement son parc d'ordinateurs en protégeant les accès et relevant les utilisateurs.
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Et il est bon d'informer ceux qui se croient protégés par un anonymiseur, que l'adresse n'est pas protégée entre l'anonymiseur et l'ordinateur. Toute l'information peut se retrouver. A un certain niveau, cela devient une bataille d'informaticiens où le plus fort gagne.
Donc même sous le couvert de l'anonymat, l'impunité n'est pas garantie, a fortiori que les très vilains méchants commentaires (ou plus exactement les commentaires parfaitement illégaux) sont généralement éliminés par les webmasters et gestionnaires de forums.
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En revanche, interdire l'anonymat est très pervers. Dans la même logique que celle qui soustend la protection des sources du journaliste, cela empêchera une foule de personnes de s'exprimer de peur de représailles de puissants. Le salarié a peur de son employeur. Le délinquant a peur de la police. Le pauvre a peur du riche, le mari de sa femme et réciproquement: l'amant de la maîtresse, la maîtresse de l'amant, l'inconnu de la célébrité, surtout si elle est chère au coeur du public. La personne socialement intégrée a peur de l'opinion et du qu'en dira-t-on. Plus simplement encore, le timide, le complexé, l'inhibé n'osera plus s'exprimer.
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Eh bien, même si ce combat est moins crucial que donner un toit aux SDF ou sauver la vie des malades, je suis pour la liberté d'expression (évidemment dans les limites légales actuelles) et pour la possibilité de garder l'anonymat.
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Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA


AVERTISSEMENT
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mardi 14 juillet 2009

Quand Charlie Hebdo publie des contresens juridiques


En 2008, Charlie Hebdo a publié un article d'Amélie Nothomb que l'on peut retrouver ici.
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Cet article a pour ambition de dénoncer l'anonymat sur la Toile. Malheureusement, il cumule une quantité impressionnante de contresens juridiques.
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Analysons-le phrase par phrase (chaque phrase de l'écrivain étant reprise en bleu roi).

"Si la loi de 1679 fut une telle révolution dans l’histoire du droit anglais, je soupçonne que son intitulé frappant y contribua."
La loi de 1679 n'avait rien de révolutionnaire. Elle ne faisait que préciser et renforcer l'ordonnance sur l'Habeas Corpus qui remonte au Moyen Âge. Et son intitulé n'a absolument pas "popularisé" la loi. Ce soupçon est parfaitement infondé.

"" Habeas corpus ". C’est d’autant plus intrigant qu’à y réfléchir cette loi limitant l’arbitraire royal eût pu s’appeler de manière moins bizarre."
"Habeas corpus" est du latin, couramment employé à l'époque et cette expression n'a rien de bizarre (à moins de trouver le latin bizarre). Wikipedia écrit : "On traduit souvent le latin habeas corpus par « que tu aies (ton) corps », qu'on interprète comme l'énoncé d'un droit fondamental à disposer de son corps, compris comme la protection contre les arrestations arbitraires." Suivant Wikipedia, cette traduction est erronée. Pour ma part, je la trouve suffisante et celle que propose l'encyclopédie ensuite est assez similaire : Wikipedia précise qu'elle ne s'adresse pas au prisonnier mais au geôlier. Cette formule exprime donc l'ordre donné au geôlier de produire le prisonnier devant la Cour : « Aie le corps (la personne du prisonnier), (avec toi, en te présentant devant la Cour) afin que son cas soit examiné " Car l'Habeas corpus ne concerne que les arrestations arbitraires, absolument pas l'anonymat d'auteurs !

"Mais elle n’eût sans doute pas tant attiré l’attention des philosophes si elle avait porté un nom moins sublime. "
Quelle aberration ! Ce n'est évidemment pas le nom de cette loi qui a fait son intérêt, mais la liberté qu'elle défend : la liberté d'aller et venir, l'interdit d'emprisonnement arbitraire. Nothomb se garde bien d'énoncer l'objet de cette loi qui n'a strictement rien à voir avec la cause qu'elle défend : interdire l'anonymat. Elle s'étend sur le nom de la loi, sans l'expliquer, et sur la loi elle-même, sans en décrire l'objet, bref, elle fait du vent.

"Les libertés individuelles ont bien des façons d’être menacées. Internet peut être une restriction des plus dangereuses de nos libertés modernes. "
En général, Internet est plutôt considéré comme un vecteur de liberté d'expression qui déplaît souverainement à ceux qui veulent maîtriser l'information.

"L’illusion consisterait à croire que cette infinie zone de non-droit serait un vecteur d’émancipation."
Internet n'est absolument pas une zone de non-droit, étant soumis en France à la loi de 1881 et à de nombreux textes plus récents visant à le réguler.

"Seule la loi garantit la liberté."
Si en France, les libertés sont la plupart du temps protégées par voie légale, il existe d'autres protections que la loi : la morale par exemple. Et une loi inique ne garantit certainement pas la liberté.

"Le principal problème des immenses territoires encore non réglementés d’Internet est qu’il est presque impossible d’y appliquer, sinon la loi elle-même, au moins le titre de cette loi."
C'est énorme ! Internet est justement fort réglementé, par une série de lois. Que la loi soit impossible à appliquer est à nouveau faux, au contraire, la preuve est souvent même plus facile à faire sur Internet que dans la vie réelle. Alors qu'il sera très difficile de découvrir l'auteur d'un courrier papier anonyme, si on n'a pas déjà circonscrit une cible, on pourra rapidement retrouver l'adresse IP de celui qui a laissé sa trace sur Internet. Ce qui ne signifie évidemment pas que tous les délits sur Internet seront résolus. Mais ça c'est vrai pour tous les délits, quels qu'ils soient.
"Appliquer le titre de la loi" : cette expression est dépourvue de sens. On peut appliquer le texte de la loi (on dit la lettre), l'esprit de la loi, mais le titre ? Cela ne veut rien dire !!! Nothomb invente même du vocabulaire pseudo-juridique. Mais quand on invente du vocabulaire, cela présente un intérêt si en dépit de sa nouveauté, le sens du mot ressort immédiatement, sinon l'écrit devient incompréhensible, comme c'est le cas en l'espèce.

"Il faudrait qu’un juriste de génie trouve une interface entre l’habeas corpus et la Toile." Pour faire un appel du pied à légiférer, Nothomb utilise les grands mots : "génie". Jusqu'à présent, les lois ne sont pas faites par des génies mais votées par des représentants du peuple.
"trouver une interface entre l'habeas corpus et la Toile" : encore une énormité. Il faudrait donc trouver une interface entre le droit fondamental de disposer de son corps et Internet. Pour être plus simple, si cela signifie quelque chose, cela signifierait une "interface" entre le droit à ne pas être emprisonné et Internet !!!! Il faut encore déterminer ce qu'elle désigne par "'interface". Son article n'a aucun sens, elle mélange tout ! Elle veut travailler son écriture et finalement ce qu'elle écrit s'en retrouve dépourvu de tout fond. Ou alors elle prête une autre signification que celle communément admise à la locution habeas corpus (signification qu'elle semble ignorer). Peut-être qu'elle se réfère au sens littéral d'habeas corpus ("que tu aies un corps", évitons la traduction préconisée par wikipedia "que le geôlier présente le corps" qui n'améliore rien), ce qui rend son écrit illisible. Si on fait preuve d'inculture en ignorant le sens d'habeas corpus, et en lui conférant son seul sens littéral, celui que donnerait un mauvais élève de première année de latin, là se dessine péniblement un sens très boîteux : elle veut que par le droit s'établisse un lien entre un corps (mais pas le corps de la personne, un corps dans un autre sens), et Internet.

"Le corps existe par écrit : cela s’appelle la signature."
La signature est une reconnaissance de paternité, et non un quelconque "corps". On se demande quel sens nouveau elle prête au mot corps pour dire qu'en l'espèce c'est la signature, car cela ne peut correspondre à rien de ce qui est dans le dictionnaire.

"Signer un article, un texte, un message de son nom, c’est produire son corps comme garantie de ce que l’on écrit."
Juridiquement, encore une horreur ! La contrainte par corps a été abolie au XIXe siècle, donc on n'offre plus son corps en garantie d'un engagement, mais son patrimoine. Ou alors elle prête encore un autre sens au mot corps, pas le corps de la personne mais quelque chose de neuf que nul ne connaît. Elle devrait accompagner ses textes de lexiques.

"On n’a pas le droit d’écrire n’importe quoi, pour ce motif que l’on porte un nom, et que ce nom représente notre corps."

"On n’a pas le droit d’écrire n’importe quoi" : "On" c'est les autres, car elle s'en arroge bien le droit depuis le début, témoin son écrit, assemblage hasardeux de mots qu'elle croit habile parce que nébuleux.
Elle justifie cette interdiction d'écrire "n'importe quoi" par le fait que l'on a un nom qui représenterait le corps. Le nom représente en fait une personne. Le limiter au corps est réducteur. Ici, on suppose que le corps a pris le sens courant, ou alors elle prête au mot corps le sens de personne. La précision du vocabulaire n'est pas son fort.
Quant au sens général de la phrase, c'est une monstruosité. Le fait d'avoir un nom qui représente le corps briderait la liberté d'expression. C'est faux. La liberté d'expression est bridée par les droits d'autrui, pas par le nom qui soi-disant représenterait le corps. Il y a confusion entre la raison originelle de ce droit et sa mise en oeuvre. La personnification de l'auteur permet simplement de le localiser, de mettre en oeuvre la loi, mais n'est pas à l'origine de la loi sur la liberté d'expression, dont l'origine est justement le droit de la victime potentielle.

"Sur Internet, le corps est le grand absent. Il n’y a pas de plus vertigineuse impunité potentielle que l’absence du corps."
Encore du n'importe quoi. On se demande quel nouveau sens elle prête cette fois au mot corps. Comme le corps serait absent, on ne peut le punir (par exemple lui donner une fessée). Effectivement, on ne peut punir de façon corporelle les Internautes (encore que, en leur envoyant une décharge électrique...). Mais à nouveau, les punitions corporelles (qui nécessitent la présence d'un corps) sont assez démodées et ne se pratiquent plus chez nous.
L'absence du corps de l'auteur sur Internet n'implique en réalité aucune impunité (pas plus que l'absence du corps de l'auteur dans un journal d'ailleurs).
Pour revenir à la thèse (très discutable) défendue, l'anonymat, sur Internet n'implique pas l'impunité, vu l'existence de l'adresse IP (à la différence de l'anonymat dans un journal, où l'organe de presse protégera plus facilement ses sources).

"L’anonymat n’est rien d’autre que la représentation verbale de l’absence du corps."
Ceci c'est pour compléter le bêtisier. Il semble que le sens qui ressort de cette phrase, c'est : "pas de nom, pas de corps". L'anonymat représenterait une absence de corps. C'est faux, ce n'est pas la définition de l'anonymat, mais une condamnation rageuse et nothombienne de l'anonyme. "Tu ne mets pas de nom, eh bien je te tue, je t'ôte ton corps, je te réduis à néant". Et comme la colère est mauvaise conseillère, elle ne réfléchit plus et écrit n'importe quoi.

"Tout texte courageux et juste comporte une signature."
Encore une généralité fausse énoncée par Nothomb.
Il existe aussi des textes signés qui ne sont ni courageux, ni justes (comme le présent article de Nothomb par exemple). Et on peut énoncer des choses courageuses et justes sans les signer, il n'y a pas de rapport de cause à effet. En général le contenu d'un texte est même plus courageux quand il est protégé par l'anonymat, l'auteur osera dire plus qu'en l'absence de toute protection.

"On en a vu récemment un contre-exemple sidérant sur le blog de l’un des plus sérieux magazines français d’information." Des noms, des noms, pourquoi cette pourfendeuse de l'anonymat tait ses sources ? Quel magazine, quel blog, quel auteur surtout ?

"Le moindre motif d’exécrer un tel procédé n’est pas qu’il nous force à éprouver de l’empathie pour sa victime" exécrer, victime : sa haine est immense pour finalement peu de choses. On peut exécrer la traite des enfants, la guerre, des choses plus dignes d'intérêt, mais s'emporter à ce point sur l'anonymat, quelle dérision !

"Il n’est pas question ici de la totalité d’Internet mais de l’univers des blogs et assimilés."
Là elle se dévoile, sa cible, ce sont les écrits des gens qui peuvent s'exprimer sans encourir sa propre censure, comme sur les blogs et les forums. Tout ce qu'Internet a apporté à la liberté d'expression. Car si une personne se pique de publier dans un journal ou chez un éditeur une critique ou une vérité dérangeante sur une célébrité, souvent cet éditeur, par peur de représailles d'une personne influente, préférera éviter de s'y engager. Témoin un article du parti communiste belge sur l'écrivain Dantinne, qui expose que cet écrivain s'est retrouvé condamné à ne plus être publié suite à son pastiche de Nothomb.

"En attendant que ce juriste ou cet internaute de génie trouve une solution, on ne peut rien faire d’autre qu’inciter les explorateurs d’Internet à la plus grande vigilance vis-à-vis de cet Habeas Corpus à échelle lexicale: la signature."
La signature est à présent "un Habeas Corpus à échelle lexicale". Encore n'importe quoi. On suppose qu'elle se réfère à nouveau au sens littéral d'Habeas Corpus. Donc c'est "que tu aies un corps" étalonné (car le sens figuré d'échelle implique cette idée, de rapport de mesure) en correspondance à des mots. Un magma incompréhensible de mots écrits vite et sans réflexion, sans faire usage de toute la saveur, de tout le sens émanant du verbe.

"Un message qui ne comporte pas de signature digne de ce nom doit être tenu pour inexistant."
Tant pis, même s'il s'agit d'une invention géniale, sans la signature, on ne pourra l'utiliser.

L'anonymat est important, car il permet de s'exprimer sans encourir les foudres détournées de puissants (hors abus évidemment). Les puissants, ce sont les riches, les employeurs, les personnes qui ont de la notoriété et de l'influence. Il permet aussi aux complexés, aux timides et aux inhibés de s'exprimer et parfois de façon très intéressante.

En réalité, il semble que l'écrivaine ait voulu exprimer qu'un écrit qui n'est pas assorti d'une signature ne peut être pris en compte sur Internet (on se demande d'ailleurs pourquoi elle se restreint à Internet). Elle a voulu jouer avec la formule "Habeas corpus" et a construit autour de celle-ci son article. Malheureusement son édifice ne tient pas debout a fortiori qu'elle y a introduit une série de contresens juridiques.
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Par Doris Glénisson, DESS de Droit, MBA
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PS - J'ai découvert postérieurement un article du Charlie enchaîné qui rejoint sur certains points ma critique, notamment en indiquant : "A. Nothomb écrit notamment (lire ci-contre) qu’« Internet peut être une restriction des plus dangereuses de nos libertés modernes » car « il est presque impossible d’y appliquer, sinon la loi elle-même, au moins le titre de cette loi ». On passera sur les approximations et inexactitudes sur le fond de cette tribune...".
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Pourquoi je vomis ce Louis-Ferdinand Destouches dit Céline ...


D'après Wikipedia, Louis-Ferdinand Auguste Destouches, dit Céline serait l'écrivain le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du vingtième siècle, après Marcel Proust (Le paradoxe veut qu'il s'agisse d'un juif et d'un antisémite).
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Le succès suscite toujours l'intérêt, au moins pour en faire sienne les recettes. Plus d'un écrivain s'est inscrit dans le sillage de ces deux-là afin de bénéficier d'un succès similaire. Même s'il ne s'agit alors que des fruits d'un plagiat. Une sorte de mise en oeuvre de leurs facteurs de succès en quelque sorte. Quant au lecteur, il obéit le plus souvent à une logique de prescription, c'est-à-dire qu'il fait confiance à l'autorité que forment les prix littéraires et l'annonce que font les éditeurs concernant leurs publications de best-sellers. Quand on sait que quelque chose est réputé avoir plu, on est tenté de le lire. Lorsqu'il ne s'agit pas d'écoliers contraints à la lecture des livres de leur programme, lequel mériterait pourtant un décrassage régulier.

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Qu'est-ce qu'un best-seller ?

Beaucoup répondront un livre qui est beaucoup lu. C'est déjà faux. Nombre de livres vendus en quantité tombent des mains de leurs lecteurs et finissent par une carrière de figuration dans les bibliothèques, au motif que c'était un must de les acheter.
D'autres préciseront : un livre qui est beaucoup vendu. Encore faux. Un best-seller est qualifié comme tel en raison de l'apparition de son titre dans certaines listes. Cela n'est pas lié au nombre d'exemplaires vendus, ni à sa qualité académique ou son importance littéraire. Beaucoup de livres sont devenus des succès seulement après avoir été étiquetés comme best-sellers, par la confusion créée dans l'esprit des consommateurs qui y voient un gage de qualité. Une sorte de marchéage mensonger qui crée le succès d'un produit en convaincant le consommateur de sa qualité par l'argument fallacieux que le produit aurait déjà du succès.

L'intérêt pour Céline, encore si diffusé paraît-il, serait lié à ses qualités novatrices.
Au niveau de la forme, par l'adoption d'un
style proche du langage parlé, émaillé de mots d'argot. Avec pour avantage résultant d'être accessible à un très large public, par la simplicité du style. En revanche, introduire l'argot dans la littérature, il n'est en réalité pas le premier et je ne suis pas persuadée du sublime de cet apport. Quant aux points de suspension dont il abuse dans ses oeuvres, il y en a qui diront qu'ils constituent la démonstration d'une incapacité à exprimer une pensée plus approfondie (lu notamment dans un commentaire aux posts de Guy Birenbaum). Or, à mon sens, tout l'intérêt d'un écrit, c'est d'y découvrir une vision plus fouillée, que l'on n'avait pas encore envisagée. Le nec plus ultra étant de voir exprimés les concepts et les mécanismes que l'on croit habituellement impossible à décrire ou mettre en équation.
Pour le fond, Céline se réfugie dans un mépris gigantesque du monde, une vision nihiliste et désabusée.
Cette vision destructrice, désespérante me déplaît dès le premier abord. Pour parvenir à construire et améliorer ce monde, il faut garder l'espoir, avoir une certaine conception d'un bonheur collectif.
Cela dit, Céline est présenté comme antinationaliste, anticapitaliste, anticolonialiste, partis pris pour lesquels j'ai une certaine sympathie. Pierre Lainé fait partie de ceux qui voient un peu d'humanisme en Céline. Et tous ne sont pas de cet avis. Pour ma part, je vois éventuellement quelques traces résiduelles d'humanisme dans sa participation à la campagne de prévention contre la tuberculose de la mission Rockefeller (un comble pour un antisémite !).
Le summum du snobisme actuellement, c'est citer Céline dans un écrit. Personnellement, j'évite les citations, j'ai la faiblesse de préférer une construction personnelle de la pensée dans son entièreté et sa cohérence plutôt que répéter et adhérer béatement à celle d'autrui, quel que soit son tirage.
Et parmi les citations de Céline, il y a des horreurs, même dans "Le voyage au bout de la nuit" que quelques uns idolâtrent.
Le voyage est aussi mauvais que le reste. Une citation parmi d'autres qui reflète bien la pensée du personnage : "Ne croyez donc jamais d'emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s'ils peuvent dormir encore ? ... Si oui, tout va bien. Ca suffit" . On comprend de suite, l'égoïsme, le manque de compassion qui caractérise Céline.
Une autre phrase du même opus : "Nous sommes, par nature, si futiles, que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir".

J'avais commenté cette phrase antérieurement, je reprends mon analyse (à laquelle je souscris toujours et je n'en ai pas modifié une virgule) :" Les hommes (au sens général, anthropos en grec) ne sont pas "si futiles". Ils se lèvent le matin pour travailler, vivre, progresser (faire des erreurs aussi). Ils ont leur part de futilité mais elle n'occulte pas la part sérieuse, pragmatique qui reste pourtant le coeur de leur activité. Ils ne sont pas uniquement des pantins poussés par le plaisir comme cet esprit pervers voudrait le prétendre.Cette futilité n'est pas seulement innée (c'est bien dans la vision malsaine d'un Céline de voir tout comme relevant de l'inné). Elle dépend beaucoup de notre acquis.Je vais prendre sa phrase au pied de la lettre, non, les distractions n'empêchent pas "vraiment" de mourir. Cela se saurait sinon.Magnanime, j'essaie d'y voir un sens plus figuré. Eh bien non, tous n'écartent pas l'ennui par la distraction, la futilité. Certains ont une vie assez intense sans. Une vision pessimiste de l'homme, dépourvue d'idéal, voila ce qui ressort de cette citation.Sa phrase prétend s'appliquer à tous et se trouve presque par voie de conséquence, fausse.Au niveau du style, elle est à peu près correctement construite, mais le choix de l'adverbe 'vraiment" est lourd, un peu mal à propos. Et son rejet en fin de phrase me déplaît. Il me donne l'impression de davantage obscurcir sa phrase que la clarifier car il rajoute un sens inutile et mal venu peu avant le point. Une phrase de Céline n'est que le reflet de sa pensée et voila ce que j'en fais : ------------------------>.
Et tant pis pour ceux qui le glorifient ... stupidement (j'emploie pourtant rarement ce mot si dépréciatif et méprisant)
Quelqu'un qui a de la pourriture dans le cerveau ne couchera que de la pourriture sur le papier."


Je précise post scriptum que croire en la noirceur d'un destin, c'est croire en un fatum, c'est croire que tout est déjà écrit, finalement que tout est "inné". Tout serait déjà inscrit, dans les gènes principalement. Je trouve qu'accorder une grande place à l'inné est très cohérent avec la "pensée" du "bon" Docteur Destouches.
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Afin que les ignorants puissent se convaincre de la puanteur de cet infecte personnage qui n'impressionne que par la violence et le détestable mépris émanant de ses propos, je cite quelques morceaux choisis. Même Adolf Hitler dans "Mein Kampf"n'a jamais osé en écrire de tels. On peut imaginer ce que Céline avec le pouvoir d'Hitler aurait pu devenir. Et ce n'est pas moi, c'est lui-même qui le dit.

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Ces extraits proviennent de
mémoire juive et éducation : Céline, un complice des criminels nazis ?, un site que ceux qui s'imaginent aimer Céline devraient se donner la peine de lire. Ce n'est pas ce site qui m'a convaincue je l'étais dès les premières citations que j'avais lues, et pas les plus terribles. Ce qui m'avait d'abord choquée, c'était leur caractère inexact et si mal dirigé.
"Personnellement je trouve Hitler, Franco, Mussolini fabuleusement débonnaires, admirablement magnanimes, infiniment trop à mon sens, pacifistes bêlants pour tout dire, à 250 prix Nobel, hors concours, par acclamations ! Ça durera peut-être pas toujours. Les glaves ça retombe quelquefois." L'École des cadavres, 1938, p.62
"Nous nous débarrasserons des Juifs, ou bien nous crèverons des juifs, par guerres, hybridations burlesques, négrifications mortelles. Le problème racial domine, efface et oblitère tous les autres." L'École des cadavres, 1938
«Je ne suis pas un auteur que sa "vente" tracasse beaucoup (...). Mais en visitant votre exposition j'ai été tout de même frappé et un peu peiné de voir qu'à la librairie ni Bagatelles ni L'Ecole ne figurent alors qu'on y pavoise une nuée de petits salsifis, avortons forcés de la 14e heure, cheveux sur la soupe. Je ne me plains pas - je ne me plains jamais pour raisons matérielles - mais je constate là encore hélas - la carence effroyable (en ce lieu si sensible) d'intelligence et de solidarité aryenne - démonstration jusqu'à l'absurde pour ainsi dire» Lettre de Céline au capitaine Sézille (agitateur antisémite, secrétaire général de l'Institut d'étude des questions juives, organisateur de l'exposition "Le Juif et la France"), 21 octobre 1941
«Vinaigre ! Luxez le juif au poteau ! Y a plus une seconde à perdre»«Bouffer du juif, ça suffit pas, je le dis bien, ça tourne en rond, en rigolade, une façon de battre du tambour si on saisit pas leurs ficelles, qu'on les étrangle pas avec. Voilà le travail, voilà l'homme. Tout le reste c'est du rabâchis, ça vous écœure tous les journaux dits farouchement antisémites»«Volatiliser sa juiverie serait l'affaire d'une semaine pour une nation bien décidée.» Les Beaux Draps, 1941

Certains pourront s'étonner du ton plus violent et catégorique de ce post, ce qui n'est pas dans mes habitudes. On peut combattre la haine par la non-violence mais la violence purement verbale s'accommode très bien de la violence verbale en réplique.

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A ceux qui lisent trop vite : les citations en violet ne sont pas de moi mais de Céline et il est évident (mais dois-je le préciser) que je n'y souscris pas.

AVERTISSEMENT
Veuillez s'il vous plaît ne pas citer mon patronyme dans vos critiques